Vincent Le Texier est, pour tout mélomane, le chanteur d’opéra qui, du Baroque de Rameau aux créations contemporaines, parcourt l’art lyrique sur plus de deux siècles, désireux de ne jamais être enfermé dans aucune case. Mais au-delà d’une vie passée sur les planches des plus prestigieuses salles du monde, interprétant tantôt Mozart, Wagner, Messiaen ou le somptueux « Pelléas et Mélisandre » de Debussy qu’il affectionne tant, Vincent Le Texier est aussi un homme engagé, indigné par les disparités qui règnent dans notre société du paraître et dont la « gestion » de cette crise du Covid n’est que le reflet des dysfonctionnements de notre système étatique. Quand le chant se fait, aussi, porte-voix !
« Les chaînes d’informations ne sont que des médias de propagande. Elles s’avèrent anxiogènes et l’on sait que la peur est un merveilleux instrument de pouvoir ! »
Comment le chanteur que vous êtes vit-il ce confinement ?
Je le vis plutôt bien, en famille, dans une grande maison avec des jardins. On a d’ailleurs parfois presque honte de le dire car beaucoup de gens, beaucoup de familles vivent dans des conditions de confinement très difficiles, en particulier dans le département dans lequel je vis, la Seine Saint Denis, le département le plus pauvre de France et d’autres, souvent les mêmes, continuent à travailler au péril parfois de leur santé. De par mon métier, je suis très souvent parti et actuellement, c’est l’occasion d’être en compagnie de ma famille 24h/24. Cette crise nous remet en quelque sorte au centre de notre vie avec tout un tas de questionnements qui en découlent sur, justement, le sens que l’on souhaite donner à cette vie, quelles en sont les priorités, les futilités… Cela nous incite à regarder notre passé tout en imaginant l’avenir. C’est un moment, rare, où l’on a le temps de penser, d’analyser…
Une sorte de retour sur soi ?!
Tout à fait ! Ce qui est étonnant, c’est qu’en début de confinement, j’avais un peu la crainte de trouver le temps long justement et, en fait, c’est tout le contraire qui se produit. Je trouve le temps trop court ! J’ai cet étrange sentiment d’une accélération des choses alors que, paradoxalement, on a plus de place pour l’introspection, comme vous le disiez pour une sorte de retour sur soi.
La sensation du temps est modifiée par une certaine perte des repères !
Effectivement, les jours, les heures, les week-ends, tout cela prend une autre dimension avec ce rapport au temps tout à fait particulier actuellement. À ce titre, je dirais donc que, me concernant et pour l’instant, ce confinement est une expérience plutôt positive.
Au-delà du chanteur lyrique se cache un homme engagé. Quel est votre regard sur cette société de l’image, du paraître qui est la nôtre aujourd’hui et que symbolisent les chaînes d’info en continu aux messages pour le moins anxiogènes ?
Par rapport au début du confinement, j’ai pris un peu de recul vis-à-vis de cette frénésie d’informations. Je reste bien évidemment à l’écoute car j’ai toujours aimé le débat d’idées, m’intéresser à la société, au monde tel qu’il est et tel qu’il fonctionne. Les chaînes d’informations ne sont selon moi que des médias de propagande. Elles s’avèrent anxiogènes et l’on sait que la peur est un merveilleux instrument de pouvoir ! Ces chaînes privées appartiennent toutes aux mêmes milliardaires qui se partagent la richesse du pays et se servent de ce vecteur de communication comme d’un merveilleux et terrible moyen de propagande. Moi je trouve que ce que l’on a fait de la santé et de l’hôpital depuis des décennies est tout simplement une honte. Depuis que ce gouvernement est au pouvoir, il ne faut pas oublier que ce ne sont pas moins de 4000 lits supplémentaires qui ont été supprimés dans les hôpitaux, ce qui a aggravé encore la situation dûe à la politique menée par les gouvernements précédents.
On a effectivement l’impression que le gouvernement ne prend en considération les problèmes qui couvent depuis des années au sein des hôpitaux qu’une fois le dos au mur ?!
Oui et, au-delà du personnel soignant, on se rend compte du caractère vital pour la société du travail de tous ces gens, aujourd’hui en première ligne, qui continuent à travailler dans ces conditions dangereuses pour leur santé et donc aussi pour celle de leurs proches, dans les supermarchés, qui livrent nos commandes, vident nos poubelles… Sans eux, on ne pourrait tout simplement pas vivre ! Ces gens que, le reste du temps, on fait hélas mine d’ignorer et qui ne bénéficient d’aucune reconnaissance. Ça me rappelle lorsque les éboueurs s’étaient mis en grève et qu’une partie de la population s’était indignée. Mais sait-on seulement que ceux qui exercent cette profession ont 15 d’espérance de vie en moins que la moyenne ?
C’est peut-être là le point positif du confinement. Avoir enfin mis sous les feux des projecteurs les oubliés de notre société ?!
Ce que j’espère, c’est qu’après ce confinement, les gens n’oublieront pas. Ce n’est pas une prime de 1500 euros qui va régler les problèmes des soignants et, plus généralement, du corps hospitalier. J’ai même vu que certaines infirmières avaient décidé de refuser cette prime, expliquant que ce qu’elles souhaitaient, c’était plus de moyens concrets pour l’hôpital. Il est tout bonnement anormal que les infirmières ou les aides-soignantes soient, en France, parmi les moins bien payées de la communauté européenne alors que nous sommes quand même la sixième puissance mondiale ! C’est un scandale absolu. Il faudra, après cette crise, prendre un peu de recul et penser aux responsabilités quant à diverses problématiques tout simplement incompréhensibles. Comment expliquer qu’en 2013 il y avait encore 1 milliard de masques en stock et qu’ils ont peu à peu disparus jusqu’à la pénurie que l’on a connue en début de crise épidémique ? L’aboutissement de tout cela, c’est qu’en pleine pandémie, on en est arrivé à nous sortir des monstruosités comme par exemple le fait que le masque ne servirait à rien pour ceux qui ne sont pas malades ! Plutôt que de ne pas assumer le couac qui a conduit au manque de masques, l’honnêteté aurait voulu que le gouvernement assume sa part de responsabilité dans cette grave erreur.
Pour revenir au domaine musical, du Baroque aux œuvres contemporaines, vous vous êtes attaqué durant votre carrière à une grande variété d’œuvres. C’était un choix volontaire ?
Je n’ai jamais voulu me spécialiser. Comme à une époque j’ai créé beaucoup d’opéras de compositeurs contemporains, j’entendais « Ah oui, Le Texier, il est très bien pour les œuvres du XXème ! » Personnellement, je n’ai jamais voulu entrer dans des cases. J’ai chanté de la musique baroque même si je n’en fais plus guère vraiment car ma voix a évolué avec le temps. J’ai commencé dans ce registre avec les musiciens de Louvres. Mon rôle de Jupiter dans « Platée » de Rameau à l’Opéra de Paris m’a, à ce titre, profondément marqué. On a joué cela partout en France et même à l’étranger, dans la mise en scène de Laurent Pelly. Ça reste un souvenir incroyable. J’aime ouvrir mon champ des possibles, mon registre musical. J’étais dernièrement à Genève pour préparer le la création du « Voyage vers l’espoir » de Christian Jost. Après trois semaines de répétitions, tout à malheureusement été annulé en raison de cette épidémie de Covid. J’ai également créé il y a peu « L’inondation » de Francesco Filidei après le « Pinocchio » de Philippe Boesmans…
C’est cette diversité qui vous nourrit en tant que chanteur, un renouveau perpétuel ?
Je suis attiré par toutes les musiques pourvu qu’elles soient de qualité. Après, bien sûr, certains rôles me fascinent plus que d’autres car, vocalement tout autant qu’au niveau du personnage en lui-même, tout me correspond. Je ne me focalise jamais sur le style, la langue, l’époque ou la culture, seule l’œuvre dans sa globalité m’intéresse.
Vous l’évoquiez, la voix évolue avec le temps. Y a-t-il des rôles que vous pouvez aujourd’hui interpréter mais qui vous semblaient impossible à endosser il y a une dizaine d’années ?
Je n’irais pas jusqu’à dire que des rôles m’étaient impossibles il y a dix ans que je pourrais interpréter maintenant. Mais il est certain que ma voix a évolué. Elle a gagné en largeur, en puissance, en noirceur aussi. Je me dirige peut-être plus désormais vers des rôles de basses que de barytons, moi qui me suis toujours considéré justement comme un baryton-basse. Dans ma carrière, j’ai pourtant tout autant interprété Scarpia dans « Tosca » ou Wozzeck de Berg que Méphisto dans le « Faust » de Gounod. Du point de vue de la tessiture, là encore, cela me permet d’aller dans des registres assez différents.
Depuis vos débuts on note une certaine attirance pour les œuvres un peu oubliées telle « Pénélope » de Fauré. Sortir des sentiers battus, redonner vie à des œuvres injustement mises de côté, c’est quelque chose qui vous tient à cœur ?
Redécouvrir des œuvres qui ont été mises de côté est une chose que je trouve bien sûr très excitant. La saison dernière, au Festival Berlioz de La Côte-Saint-André, nous avons créé la « Nonne Sanglante » d’Hector Berlioz, qui avait travaillé le premier sur ce livret d’Eugène Scribe popularisé ensuite par Charles Gounod. Cet opéra n’est pas terminé, il n’en existe donc que des extraits. Il était néanmoins très intéressant de découvrir ainsi une œuvre passée à la trappe d’un compositeur et musicien aussi fantastique que Berlioz.
Le répertoire classique est riche de milliers de partitions et, pourtant, ce sont souvent les mêmes œuvres qui reviennent à l’affiche. Déplorez-vous ce manque disons de prises de risques ?
Il y a forcément un point de vue économique qui entre en ligne de compte et les directeurs de salles pensent aussi au remplissage de leur salle. Mais il faut laisser la place à un répertoire moins connu que celui de Mozart ou de Verdi. Il y a aussi le fait que, malheureusement, le public d’opéra est parfois un peu trop conservateur. Il n’y a qu’à voir comment une certaine partie du public accueille des mises en scène qu’elle juge trop novatrices et pas assez respectueuses de ce qu’elles imaginent être la vérité de l’oeuvre !
Je crois que vous avez d’ailleurs vécu ce moment particulier où le public a montré son mécontentement vis-à-vis d’une mise en scène qui ne lui plaisait pas !
Je l’ai particulièrement vécu en effet au théâtre des Champs-Elysées dans le « Médée » de Cherubini dans une mise en scène de Krzysztof Warlikowski. Le jour de la première, le spectacle s’est, par force, interrompu. C’était au début du deuxième acte. Créon, que j’interprétais, devait entrer sur scène aux côtés de Médée, restée prostrée, seule, entre les deux actes, sur un fauteuil au milieu de la scène. C’était une mise en scène très actualisée. J’étais en survêtement noir, avec des lunettes de soleil et une serviette autour du cou comme si je revenais d’un footing. Krzysztof avait, entre les deux actes, fait venir sur scène les femmes du chœur en nuisettes qui dansaient le tcha tcha. J’attendais en coulisse et là, j’entends certaines personnes du public crier : « Il y a des théâtres pour ça ! ». Les chanteurs étaient dotés d’un micro puisqu’il y avait la volonté d’un parler très cinématographique pour les passages parlés dans un langage lui aussi très modernisé. En rentrant sur scène, j’ai commencé mon texte : « Je serai bref Médée… » et, effectivement, j’ai été bref car immédiatement interrompu par une partie du public qui hurlait : « Enlevez les micros ! » Je pense qu’il s’agissait ni plus ni moins d’une cabale organisée contre Warlikowski. Les gens qui étaient pour le spectacle apostrophaient ceux qui étaient contre, une vraie pagaille, le spectacle était littéralement dans la salle… Tout à coup, une dame s’est exclamée : « Si cela ne vous plait pas, vous n’avez qu’à sortir ! ». J’ai trouvé que c’était une très bonne idée et, comme j’avais le micro, j’ai invité ceux qui conspuaient à sortir. En ont découlé des applaudissements à tout rompre de la part de ceux qui souhaitaient voir le spectacle, ce qui a eu pour effet de faire taire ceux qui s’indignaient. L’opéra a donc pu se poursuivre. Je me souviens qu’à l’entracte Krzysztof Warlikowski m’est tombé dans les bras en me disant « Tu nous a sauvés ! ». Cela a fait tant de bruit qu’on en a même parlé dans le New York Times ! Ensuite, il y a eu toute une polémique sur Internet. L’instigateur de cette cabale, mis en cause sur un site, s’est quand même permis de répondre en ligne que j’aurais dû faire montre de « plus de respect vis-à-vis d’un public sans lequel je n’étais ne serais rien »… Ils avaient interrompu le spectacle mais c’est moi qui faisait montre d’irrespect…
Que gardez-vous de vos rencontres avec les légendes du chant qu’étaient Elisabeth Schwarzkopf, Walter Berry et Hans Hotter ?
Je dirais qu’avec ces gens-là, c’est plus le contact direct avec ce qu’ils étaient qui nous a marqué à tout jamais. Je me souviens de Hotter dans la salle de danse de l’opéra-comique qui, assis sur une chaise, chantait pour donner des exemples vocaux. Lorsque sa voix se faisait entendre, je sentais sous moi le plancher en bois de la salle de danse vibrer ! C’est quelque chose qui m’a profondément marqué. Il disait aussi : « Je chante l’opéra allemand comme l’opéra italien ! » Ce sont des phrases comme ça qui me restent encore aujourd’hui. Hotter, c’est ce que je cherche dans ma quête musicale : plus aucune frontière entre la voix, la technique, la musicalité, l’intelligence, la sensibilité, l’humanité. Tout est un ! On ne peut plus diviser chez Hotter. Tout est là, unifié, une sorte d’idéal de ce que doit être le chant.
Golaud de « Pelléas et Mélisandre » semble être un rôle qui, depuis le début de votre carrière, vous colle à la peau. Si vous ne deviez en retenir qu’un, ce serait celui-là ?
Oui car ce rôle m’a marqué alors que j’étais encore à l’Ecole d’Art Lyrique de l’Opéra de Paris. C’était dans le cadre d’un échange entre le Conservatoire de Paris et celui de Moscou. J’ai donc eu la chance de monter ce rôle pour la toute première fois dans des conditions formidables avec la très grande chef de chant Simone Féjard, qui enseignait à l’Ecole, et avec le compositeur et chef d’orchestre Manuel Rosenthal, élève de Ravel. C’était vraiment des conditions idéales pour aborder ce que je considère comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire de la musique. Nous avons joué à Moscou, qui était encore la capitale de l’URSS en 1988, et Richter, dans la salle pour cette première, a donné le signal des applaudissements. Vous imaginez les souvenirs ! Créer cette œuvre-là dans cette immense pays 86 ans après qu’elle ait vu le jour…J’ai eu la chance de la créer ensuite en Turquie, en Syrie, à Leipzig, Sao Paulo et bien d’autres villes… Ce qui m’a marqué également très profondément ce sont les « Impressions de Pelléas » de Peter Brooke…
L’opéra, c’est effectivement aussi un metteur en scène et sa vision toute particulière qu’il a de l’œuvre. A ce titre, cette rencontre avec Peter Brook a-t-elle été un moment clé de votre carrière ?
Il y a pour moi un avant et un après Brook. C’était une version avec deux pianos, quelque chose de beaucoup plus léger. On a fait deux mois et demi de répétitions, puis des représentations aux Bouffes du Nord à Paris avant d’entamer toute une tournée européenne. C’est une expérience qui a duré sept ou huit mois, ce qui est unique dans le monde de l’opéra. Ce qui intéressait Peter, c’était bien sûr le côté théâtral de l’œuvre. C’est là que j’ai appris ce que la justesse, la vérité d’un personnage signifiait. Il était très vigilant par rapport à cela. Je me souviens qu’un soir il m’a dit : « Tu as toutes les qualités pour être dans la vérité du personnage, mais ce soir tu en as fait un peu trop ! » Ce genre de retour est fondamentalement formateur. C’était en 1992/1993 et tout ce que j’ai appris avec lui a été déterminant pour la suite de ma carrière.
Quel rôle rêveriez-vous d’interpréter tout autant pour le chant que pour le personnage en lui-même ?
Golaud n’est pas le seul personnage auquel je voue une admiration sans borne. Je pense aussi tout particulièrement au « Don Quichotte » de Massenet que j’ai encore interprété dernièrement à l’Opéra de Saint-Etienne. Il y a aussi le « Saint-François d’Assise » de Messiaen, ce grand chef-d’œuvre du 20e siècle que j’ai eu la chance de chanter à Paris, Madrid et Tokyo ou bien encore « Le Hollandais volant » de Wagner que j’ai interprété à plusieurs reprises. Le rôle qui me tient à cœur plus que tout aujourd’hui, c’est Wotan dans la « Tétralogie » de Wagner. Pour sa vocalité, la complexité du personnage et, bien sûr, le génie du compositeur. Mais bien sûr, le « Barbe-Bleue » de Bartok ou « Boris Godounov » de Moussorgski m’attirent beaucoup également. Quand je faisais mes études de chant, je me disais qu’un jour j’aurai chanté tous les rôles qui m’intéressaient et que, forcément, je m’ennuierai. Je sais maintenant qu’il n’en est rien et que, malheureusement, je ne pourrai pas interpréter tous les rôles ceux que je voudrais.
Vous avez interprété, comme vous le mentionniez, un même opéra dans plusieurs pays. Les réactions du public sont-elles différentes que l’on soit en Turquie, au Japon ou en Espagne ?
Quand on est sur la scène, on est forcément très sensible à ce qui se passe dans la salle. Je prendrais pour exemple le « Saint-François d’Assise » donné à Tokyo. J’étais tout simplement bouche-bée devant l’attitude du public. C’est une œuvre qui dure environ 5H15 avec les entractes et Saint-François est quand même sur scène la plupart du temps. Je n’ai pas entendu une quinte de toux, un raclement de gorge pendant tout l’opéra. L’écoute du public était tout simplement fascinante. L’écoute et l’émotion de la salle nourrissent le chanteur.
Si vous deviez convertir un néophyte à l’opéra, vers quelles œuvres le dirigeriez-vous ?
Je me suis souvent posé cette question… Ce que j’ai pu constater, c’est qu’en général, les gens ont une certaine idée préconçue de l’opéra. Pour moi, l’opéra est l’art collectif et populaire par excellence. Collectif car il y a à mon sens assez peu de formes d’art qui réunissent autant de corps de métier sur un même lieu et populaire car je pense que cela peut toucher tout le monde, du passionné d’opéra qui s’y rend aussi souvent que possible depuis vingt ans au total néophyte. J’ai bien des fois vu des gens que j’avais fait venir à l’opéra alors qu’ils n’y étaient jamais entrés et qui, après la représentation, étaient totalement bouleversés et ouverts à cette forme d’art. Contrairement à ce que l’on pense, mettre un pied dans l’opéra n’est pas si difficile que cela. Il ne faut pas hésiter à aller découvrir une œuvre sur scène, là où l’on pourra être en contact direct avec toutes ses splendeurs. C’est quelque chose qui se vit tout autant qu’il s’écoute. Je rêve d’ailleurs depuis longtemps de réunir des chanteurs bien sûr, mais aussi des metteurs en scènes, des chefs d’orchestre, des instrumentistes, des gens de la technique et de l’administration également pour imaginer ensemble comment organiser l’opéra autrement pour qu’il soit à la fois plus collectif, avec moins de hiérarchisation, comme c’est le cas souvent et surtout dans les grandes maisons et plus populaire afin de toucher un public plus large. Les gens ont trop tendance à penser que l’opéra ce n’est pas pour eux, comme si cela était réservé de toute façon à une élite ! L’obstacle est financier bien sûr mais il est aussi culturel.