C’est en Iran où elle terminait son DEA sur la condition des femmes en cette République islamique que Manon Quérouil-Bruneel s’est penchée sur la question des transsexuels au pays des mollahs. Serge Raffy, alors patron de l’Obs, lui met le pied à l’étrier en lui proposant de réaliser un sujet sur la question avant de le vendre à Paris-Match. Si après quinze années d’indépendance à barouder entre l’Afghanistan dont elle est devenue l’une des grandes spécialistes, la Syrie, l’Irak, la Libye ou même Terre-Neuve, Manon a depuis peu bouclé la boucle puisqu’aujourd’hui permanente au sein de la rédaction qui conjugue le poids des mots au choc des photos, c’est avec une intacte passion chevillée au corps que la journaliste se fond sur des zones à haut risque pour nous raconter un monde fait d’inégalités, de conflits, de guerres où la mort plane lourdement. C’est entre deux reportages que je retrouve Manon dans son havre de paix parisien où, entourée de sa famille, elle puise l’oxygène indispensable à son équilibre avant de repartir s’immerger pour, à défaut de changer le monde, nous informer des injustices dont il regorge.