Faire d’une Tesla un joyau dans son écrin, un exemplaire unique, divine vitrine roulante d’un luxe à la française qui excelle dans la sellerie comme dans la broderie, c’est le challenge que s’est fixé Antoine Brizzard, co-gérant de l’entreprise située au cœur de Reims, Sublim Brodeurs. La ligne de conduite enfin définie, même si le projet reste encore en constante évolution, Antoine visualise désormais cette Tesla telle qu’elle sera une fois terminée et qui s’annonce comme un magnifique condensé du savoir-faire de l’artisanat français. Et si cette fabuleuse aventure humaine était le point de départ d’autres concept cars où le luxe s’invite dans les moindres détails ?!
« Quand je me prends à rêver, ce ne sont pas les idées qui manquent pour plein d’autres modèles de voitures. »
Il y a eu, je crois, encore pas mal de changements dans le projet qui est toujours en constante évolution ?!
Il y a eu une grande modification qui n’était pas voulu à la base lorsque nous avons commencé à nous attaquer à l’habillage des portières avec les poignées de portes. Avec le directeur artistique, on a trouvé une nouvelle technique de matelassage qui nous oblige à complètement revoir toute la technique de broderie que l’on avait mise en place pour les quatre sièges. Cela nous oblige donc à tout refaire, à revoir totalement le design et la technique de broderie que l’on avait pourtant, au départ, validée. On veut en effet que tout s’accorde avec les portières, qu’il y ait une vraie homogénéité dans le projet. Cela nous oblige donc à repartir de zéro en changeant notre fusil d’épaule. On a maintenant une ligne directrice qui ne changera plus pour l’intérieur de la voiture même si cela nous oblige à tirer un trait sur plus d’une centaine d’heures de travail. Au moins, on a désormais quelque chose de plus abouti, de plus luxe, de plus en phase avec l’idée qui était la mienne au départ.
Cela décale, je suppose, encore un peu plus le projet fini ! As-tu une date en tête sur la présentation de cette Tesla ?
Non. Depuis le départ, on s’était dit que l’on prendrait tout le temps nécessaire à l’aboutissement de ce projet tel que nous l’avions en tête. On préfère décaler la présentation de la voiture au public et avoir quelque chose qui corresponde totalement à nos attentes plutôt que de se précipiter et de ne pas être entièrement satisfait. Au départ, j’avais en tête le mois de septembre mais là nous sommes clairement plus sur la fin de l’année. On a enfin dessiné la bagagerie qui sera placée dans le coffre arrière. Cela s’annonce vraiment magnifique et très novateur. Nous allons d’ailleurs faire travailler un ébéniste sur le projet puisqu’il y aura un peu de bois dans les bagages. Un nouveau corps de métier qui s’invite donc dans la réalisation de cette Tesla ! Pour revenir au délai, avec cette ambiance très particulière liée à la crise de la Covid, il va falloir jongler pour trouver le moment idéal afin de présenter la voiture au public et aux médias.
Justement par rapport à cette période compliquée liée à la Covid et sachant que ceux qui t’aident sur ce projet le font en plus de leur activité professionnelle, n’est-il pas trop compliqué de jongler entre les clients qui font entrer de l’argent dans la société et ce projet Tesla que vous menez tous en parallèle ?!
Ce n’est pas simple effectivement, mais ce projet est aussi pour tous une bouffée d’oxygène qui nous sort de notre quotidien professionnel, seulement guidés par le plaisir et le souhait de réaliser quelque chose d’unique et de totalement novateur dans le domaine du luxe. On avait pris pas mal de retard avec le sellier qui devait honorer des commandes mais, pour les autres intervenants, franchement, tout se déroule comme prévu. Après, si on se redirige vers un confinement local comme cela se dit de plus en plus, je ne sais pas comment nous gérerons.
Le fait qu’aujourd’hui tu aies enfin une ligne directrice bien précise te permet t-il de visualiser concrètement dans ton esprit la Tesla telle qu’elle sera une fois terminée ?
Oui, tout à fait. Je sais parfaitement à quoi le projet ressemblera ce qui fait que j’ai beaucoup moins de craintes sur le design intérieur et sur l’homogénéité de l’ensemble. Cette vision globale entre la bagagerie, le cuir, les sièges, les jantes qui ont été déposées il y a plusieurs semaines chez mon maroquinier… C’est vraiment rassurant ! Avant je n’avais que des pièces de ci de là mais le puzzle n’était dans ma tête pas complet ce qui fait que j’avais tendance à un peu trop m’éparpiller. Le fait qu’aujourd’hui toutes les pièces du puzzle soient assemblées dans nos têtes nous a permis de faire un vrai bond en avant.
Les jantes ne sont donc toujours pas revenues de chez le maroquinier ?!
Non, toujours pas ! Elles ne sont d’ailleurs toujours pas faites mais il suffit de réaliser un bâton de la jante et il faudra ensuite seulement le dupliquer. Je serai d’ailleurs ce week-end chez un maroquinier avec Loïc, l’autre maroquinier, qui viendra avec la jante afin que l’on définisse précisément le travail à réaliser sur le premier « bâton ». Cela nous permettra de définir la bonne technique à utiliser. Une fois que le choix sera arrêté, il va falloir compter au moins 200 heures de travail sur les quatre jantes, ce qui ne sera pas une mince affaire. Nous n’aurons donc pas les jantes avant fin octobre. Ce sera la touche finale et la seule chose à laquelle on touchera à l’extérieur de la Tesla.
La dernière fois, tu avais retiré le volant bourré d’électronique, une opération qui s’était parfaitement déroulée malgré tes craintes de transformer la voiture en sapin de Noël. Le fait que la voiture n’ait plus de volant n’a-t-il pas d’incidence sur la voiture, même à l’arrêt ?
Au-delà de rendre la voiture immobile, on a en effet eu la mauvaise surprise de constater que le fait d’avoir retiré le volant nous empêche d’ouvrir le coffre avant qui doit accueillir notre bar à Champagne. On se concentre donc actuellement sur le gainage du volant au plus vite afin de débloquer cette situation un peu handicapante pour l’avancée du projet. Nous avions pris des pièces dans le coffre avant que l’on avait envoyées en peinture et que, du coup, on ne peut pas remettre pour l’instant. On espère juste qu’en refixant le volant, tout va rentrer dans l’ordre sinon il faudra emmener la voiture chez Tesla ce qui ne nous arrange pas du tout.
La cave à cigares reste t-elle toujours un projet que tu dois intégrer dans la voiture ?
Tout à fait ! On est sûr qu’elle sera dans le bar à Champagne de la voiture que l’on a commencé à dessiner mais on n’a pas plus avancé que cela pour l’instant. Le coffre étant bloqué, on s’est vraiment concentrés sur ce qu’il était possible de faire et on laisse toute cette partie, cave à Champagne, cave à cigares pour la fin.
Au départ ce projet avait pour but de mettre en lumière l’artisanat français tout en étant un magnifique showroom pour ta boutique. Je suppose qu’au fil des semaines tu as dû te prendre au jeu de ce projet un peu fou… Penses-tu t’arrêter là où si une grande marque de voiture te demande de relooker l’un de leurs modèles est-ce quelque chose qui te tenterait ?
Oui, complètement. Au fil des semaines, on s’est véritablement pris au jeu et on espère donc ne pas s’arrêter à ce projet Tesla. Il faut dire que, depuis le choix de l’achat de la voiture jusqu’à aujourd’hui, il s’est déjà passé deux ans ! J’ai aujourd’hui déjà des idées sur d’autres voitures mais il faut pouvoir avant tout accoucher de ce projet Tesla en étant totalement satisfait du rendu final. Si la chose plaît, fonctionne et nous ouvre des portes, bien sûr que je serai ravi de continuer dans ce domaine du concept car de luxe. On a développé tout un tas d’idées qui ne collaient pas forcément à cette Tesla mais qui pourraient totalement convenir à d’autres voitures. On les garde donc en stock en espérant pouvoir nous en servir pour de nouveaux projets. Au fil des semaines, on acquiert un savoir-faire vraiment intéressant qui nous ouvre plein de portes et de belles perspectives. Après, pourrons-nous en vivre ? Ça, on le verra dans un second temps ! Quand je me prends à rêver, ce ne sont pas les idées qui manquent pour plein d’autres modèles de voitures.
Tu pars toujours sur une double inauguration, rémoise et parisienne ?
Pour les lieux, c’est clair ! J’ai pas mal d’idées qui évoluent avec le temps. Je ne souhaite pas une inauguration classique comme tu peux en voir sur des salons, mais quelque chose de vraiment spécial à l’image de ce que sera cette Tesla une fois terminée. Après, il faut vraiment que je trouve L’idée, le truc novateur en parfaite symbiose avec l’image que je veux donner à la voiture. J’ai des envies bien sûr, mais après il faudra voir si je parviens à avoir le budget en adéquation avec cela. Je me dis qu’à force de rencontrer du monde, je vais bien finir par trouver l’idée exceptionnelle et réalisable ! J’aimerais, comme je te l’avais évoqué dans un précédent épisode, que tout le staff ayant travaillé sur le projet puisse être habillé aux couleurs de la Tesla dans une ambiance prototype car, luxe à la française, vaisseau spatial…
Le luxe se joue dans les détails !
Tout à fait et il faudra donc que tout soit parfait ! Il est quand même super grisant de travailler pour ce projet sur autant de supports différents que sont la sellerie, la bagagerie, les jantes, les vêtements, l’habillage pour un bar à Champagne, une cave à cigares…
Comme j’ai cru comprendre que tu ne partais pas en vacances, quel va être le programme des semaines à venir ?
90% de mes partenaires sur ce projet étant actuellement en congés, je vais me focaliser sur la sellerie intérieure que l’on a entièrement repensée et sur laquelle on a perdu plus d’une centaine d’heures qu’il faut donc rattraper.